La loi agriculture et alimentation n’est pas à la hauteur des enjeux agricoles et alimentaires
Partager

8 octobre 2018

Ce mardi 2 octobre a été adoptée à l’Assemblée Nationale la loi agriculture et alimentation. Europe Ecologie-Les Verts déplore le peu d’avancées permises par cette loi, bien loin des attentes qu’elle suscitait tant chez les citoyens (17 000 contributions aux États Généraux d’Alimentation), les consommateurs que chez les agriculteurs, qui portaient sur :
• l’accès à une alimentation saine, durable et sûre,
• la rémunération équitable des agriculteurs,
• la transformation des modèles de production pour qu’ils soient plus respectueux des animaux, de l’environnement et des humains. En effet, gouvernement et parlementaires :
ont refusé d’inscrire dans cette loi l’interdiction du glyphosate et la fin des pratiques cruelles commises envers les animaux d’élevage,
• ont refusé l’information du consommateur (étiquetage) sur les conditions d’élevage des animaux et sur les traitements phytosanitaires appliqués sur les végétaux,
• refusent que l’État intervienne pour arbitrer entre les différents acteurs afin d’assurer une meilleure répartition de la valeur des produits alimentaires. Les agriculteurs restent dépendants, comme c’est le cas aujourd’hui, de la bonne volonté des transformateurs et des distributeurs,
• autorisent l’épandage expérimental de pesticides par drones sur les surfaces agricoles, mettant ainsi en danger la santé des humains et l’environnement.

La seule avancée notable concerne les cantines scolaires : arrachée à Stéphane Travert qui ne la voulait pas, l’expérimentation du repas végétarien hebdomadaire a été adoptée ; de même que la fin des contenants en plastique (bouteilles, vaisselle, couverts…) et l’introduction d’une part minimale de produits BIO et locaux.
Fait surprenant de la part de la puissance publique, le gouvernement appelle à faire confiance aux agriculteurs et aux éleveurs pour qu’ils cessent d’eux-mêmes les méthodes d’élevage cruelles et l’utilisation de pesticides ! Pourtant, il devrait faire le bilan du plan écophyto 2018, basé sur un mécanisme lui aussi non contraignant, et constater qu’il a été un échec cuisant avec ses 22% d’augmentation en 10 ans d’utilisation des produits phytosanitaires alors qu’il visait de les réduire de moitié.

Pour mettre en place une véritable transition vers une agriculture plus respectueuse du vivant et des humains, EELV demande que les actes suivent les discours et ainsi:
d’engager une véritable transition agro-écologique comme solution durable pour répondre aux enjeux environnementaux et à la crise économique du secteur agricole, en commençant pas inscrire dans la loi la fin de l’utilisation du glyphosate,
d’inscrire dans la loi la fin de pratiques cruelles subies par les animaux d’élevage : détention des poules et des lapins en cage, castration à vif et caudectomie des porcelets, transport sur de longues distances et broyage des poussins,
d’instaurer un véritable soutien au revenu des paysan.ne.s, en osant la mise en place de mécanismes contraignants sur le partage de valeur (définition dans la loi des prix abusivement bas sur la base des coûts de production, arbitrage public des relations commerciales…) et en ciblant le soutien public aux développement des filières équitables (prix minimum garanti, engagements contractuels dans la durée…).
La réforme de la PAC devra, elle, prendre ce tournant en orientant autrement ses soutiens financiers, notamment vers l’emploi et la transition agro-écologique.

Les commissions condition animale & agriculture EELV