Démantèlement de l’ONF : ce sont les forêts qui sont attaquées
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EELV a à plusieurs reprises alerté sur le devenir de l’Office National des Forêts et plus récemment en soutenant la marche des forestiers de l’automne 2018 et le manifeste de Tronçais signé par de nombreuses ONG nationales et par les organisations syndicales.

Déjà affaibli par les réformes réalisées par les gouvernements successifs, l’établissement est aujourd’hui menacé d’une disparition pure et simple. La Fédération des Communes Forestières souhaite, dans un manifeste rendu public, prendre le contrôle de la gestion des forêts des collectivités en privatisant au passage la conception des aménagements forestiers. Cette organisation laisserait les forêts à la merci des appétits financiers alors même que la forêt est au centre des solutions face à la crise écologique et climatique. Les forêts publiques françaises sont les premières concernées: elles concentrent les écosystèmes les plus complets et les stocks de biodiversité et de carbone les plus conséquents.

Le modèle économique de l’ONF n’est certes pas viable et l’établissement pâtit d’une gestion contestable. L’ONF n’est pas non plus exempt de critiques sur sa gestion sylvicole (coupes rases, monocultures intensives, prélèvement dans le nouveau Parc National de Forêts de Plaines, exploitations massives de bois énergie à travers sa filiale).

Mais la désintégration d’un service public national qui assure la péréquation et l’équité de traitement entre toutes les forêts publiques ainsi qu’une grande stabilité dans la fourniture de bois pour la filière aval (l’ONF mobilise près de 40 % du bois en France) est contraire à l’intérêt collectif national.

EELV a toujours dénoncé l’incompatibilité entre les missions régaliennes dévolues à l’ONF et la gestion commerciale, y compris dans le domaine concurrentiel. Nos propositions visent à redéfinir et séparer clairement les missions nécessaires à la gestion durable éthique des forêts publiques (documents de gestion, surveillance, éducation, orientations de sylviculture et marquage des bois, programmation des travaux, chasse…), des actions commerciales (ventes de bois, réalisation des travaux, expertise, interventions hors forêts publiques).

A ce titre, l’ONF doit rester l’interlocuteur et gestionnaire unique de toutes les forêts publiques. Il faut lui redonner de l’indépendance en lui octroyant un budget annuel. La disparition de ce service public séculier serait une catastrophe pour toutes les forêts publiques qui seraient offertes aux appétits des industriels de la filière, avec la complicité volontaire ou non des collectivités locales.

Retrouvez les analyses et propositions d’EELV sur ce thème en cliquant ici

René Montagnon, pour le Groupe Forêt de la Commission Nature et Environnement

Anny Poursinoff et Léo Tyburce, pour la Commission Agriculture et Ruralité

Julien Bayou et Sandra Regol, pour le national