L’agriculture de conservation : une 2ème chance pour le glyphosate au nom de l’écologie !
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Auto-proclamée « agriculture du vivant », l’agriculture de conservation est un nouveau coup de canif annoncé dans le contrat qui devrait relier les producteurs et les citoyens. Cette « agriculture », qui vient de lancer son label « Au cœur des Sols », se revendique aujourd’hui comme « la forme la plus aboutie de l’agroécologie » et se prétend supérieure à toutes les autres simplement parce qu’elle pose comme dogme de « ne pas toucher le sol », alors même qu’elle ne se fixe aucune contrainte et aucun objectif pour arrêter l’usage des pesticides. Pire encore, elle a fait pression auprès de l’Etat et a obtenu tout récemment du ministre de l’Agriculture la certitude de bénéficier d’une dérogation pour pouvoir continuer à épandre du glyphosate dans les parcelles, au titre de ses prétendues vertus écologiques.  

Rappelons que le glyphosate est la molécule qui pollue le plus les sols agricoles partout en Europe[1], celle que l’on retrouve aussi en tête des pollutions dans les rivières et les captages d’eau potable. Et qu’il fait l’objet d’un refus massif de la part des citoyens.

Mais alors quelles vertus écologiques justifient qu’elle obtienne le maintien du glyphosate ?

Le stockage de carbone est souvent invoqué, mais c’est un leurre comme le montrent les études scientifiques sur cette question[2] : l’agriculture de conservation ne stocke pas plus que l’agriculture bio ou même conventionnelle avec les mêmes couverts végétaux. Pour stocker du carbone, il faut des couverts végétaux (sans glyphosate !), des prairies, des haies et des arbres. Rien de sérieux ne justifie cette allégation de stockage de carbone de l’agriculture de conservation.

L’agriculture de conservation conventionnelle reste par ailleurs globalement dépendante des pesticides. Et des engrais azotés de synthèse, qui posent de nombreux problèmes environnementaux : algues vertes, nitrates, fabrication à base d’énergies fossiles, mais aussi émission de protoxyde d’azote (gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le CO2) qui rendent le bilan environnemental de l’agriculture de conservation conventionnelle très défavorable par rapport à la véritable agroécologie en termes d’émissions et d’impacts.

Il est étonnant que parviennent à se présenter sous le masque de l’agroécologie des structures promotrices de l’agriculture de conservation qui ont pour membres fondateurs Bayer-Monsanto, Syngenta et de gros fabricants d’engrais chimiques[3]

Il est urgent de promouvoir et développer la seule vraie agroécologie qui respecte les citoyens et les riverains de parcelles agricoles : l’agriculture biologique, et toutes les modalités qui renoncent à l’usage des pesticides de synthèse.

Au lieu de cela, les fausses solutions prolifèrent à grande vitesse. A grand renfort de communications souvent réussies, mais factices. L’agriculture de conservation ne doit pas faire illusion : il faut de véritables changements aujourd’hui, pas une « agroécologie » en trompe-l’œil soutenue par l’agro-industrie. Car ce que l’agriculture de conservation conserve le mieux, ce sont les marges et l’image de l’agro-industrie.

Préserver le sol pour nourrir les femmes et les hommes, oui, mais sans pesticides !

Pour aller plus loin : Note technique de la Comagri

Le bureau de la Commission Agriculture et Ruralité d’EELV

18 avril 2020

[1] https://www.inrae.fr/actualites/stocker-4-1000-carbone-sols-potentiel-france

[2] https://www.inrae.fr/sites/default/files/pdf/etude-4-pour-1000-synthese-en-francais-pdf-2.pdf

[3] https://agridurable.top/homepage-extended/a-propos-de-liad/