René Louail, paysan breton : « La crise révèle un problème de valeur ajoutée et non pas de restructuration de l’agriculture »
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René Louail s’exprime sur la crise que traverse aujourd’hui l’agriculture dans une interview publiée dans Global, le magazine de la slow-info.

 

Un éleveur parle

Une crise des gros élevages

21 Août 2015

Paysan costarmoricain récemment à la retraite et dont la ferme à été reprise par un de ses enfants,  ancien éleveur de porcs sur paille (320 porcs à l’engrais), de volailles labels et brebis viande, sur une exploitation de 44 hectares dont 70% en herbe, ayant traversé toutes les crises depuis 40 ans, syndicaliste dans les rangs de la Confédération paysanne, élu régional de Bretagne sous la bannière d’Europe écologie les Verts, René Louail souligne, dans l’entretien qu’il a accordé à GLOBALmagazine, la singularité de la crise porcine d’aujourd’hui, incomparable aux précédentes.

  René Louail, paysan breton

GLOBALmagazine : Depuis les années 80, l’élevage porcin est régulièrement en crise. Crises qui, à chaque fois, concentrent la production entre les mains des plus gros éleveurs. En clair, le nombre d’éleveurs de porcs ne cesse de diminuer mais le nombre de porcs produits reste le même, voire augmente. Cette crise va-t-elle aussi concentrer la production comme les précédentes ?

René Louail : Pendant longtemps, dans les années 80-90, les crises étaient cycliques au niveau européen mais assorties d’un phénomène de balancier international : quand on avait des cours élevés en Europe ils étaient faibles aux Etats-Unis et vice-versa. Il y avait différents mécanismes qui permettaient d’amortir une crise conjoncturelle. Ces mécanismes ont progressivement diminué car tout le monde est sur les mêmes marchés : quand le prix du cochon est bas à un bout à l’autre de la planète on a automatiquement des effets néfastes partout.

Depuis les années 2000, et notamment le passage de Mariann Fisher-Boel à la Commission européenne (femme politique danoise, Commissaire européenne à l’agriculture de 2004 à 2009, NDLR), on a en Europe la volonté de détruire les outils de gestion des marchés : on a de moins en moins la possibilité d’intervenir avant et pendant une crise. Avant, on a des outils statistiques pour agir à temps et pendant la crise on peut prendre la décision politique soit de stocker, soit d’exporter, soit de diminuer le cheptel. Aujourd’hui, nous sommes sans outils comme un pompier sans lance à eau devant un incendie.

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