Agriculteurs, agricultrices, les raisons de la colère.
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Ce mardi 23 janvier, une agricultrice et sa fille de 12 ans sont décédées sur un barrage routier à Pamiers, dans l’Ariège. Nous souhaitons adresser toutes nos condoléances à leur famille et proches. Nos pensées vont également vers son époux, grièvement blessé.

Depuis plusieurs jours, des agriculteurs et agricultrices multiplient les actions coup de poing. Ces actions sont le symptôme d’une crise profonde d’un système agricole à bout de souffle. 

 L’agriculture en France ce sont des productions de qualité, qui façonnent les paysages et fournissent de nombreux emplois directs et indirects. C’est une gastronomie basée sur ces produits, réputée dans le monde.

Mais l’agriculture, c’est aussi :

  • un suicide d’agriculteurs tous les deux jours un endettement moyen des exploitations agricoles à 200000€ une baisse constante du revenu agricole et une précarisation
  • la disparition de 100 000 fermes ces 10 dernières années
  • la disparition du foncier agricole
  • le marché de la bio en difficulté

Arrêtons l’hémorragie ! 

La colère qui se répand est le fruit d’une agriculture en crise, abandonnée par les politiques libérales, trompée par l’extrême droite. Une politique agricole sociale et écologique est la seule solution d’avenir pour les agriculteurs et agricultrices.

La législation environnementale n’est PAS responsable de la situation actuelle. Elle est nécessaire pour tenter de limiter le bouleversement climatique, dont l’agriculture est une victime majeure, d’endiguer l’effondrement du vivant (60 % des oiseaux des champs ont disparu en 40 ans) et de protéger au mieux notre santé, celle de nos enfants et celle des agricultrices et agriculteurs.

Les écologistes ne sont PAS responsables de la situation actuelle. Nous refusons d’y être associés et dénonçons les vrais responsables de ce déclin de l’agriculture française.

Le drame de la réforme de 1992 qui a soumis les agriculteurs et agricultrices au tout-marché est de la responsabilité des gouvernements de droite libérale.

Responsables ! Emmanuel Macron, Gabriel Attal et Marc Fesneau qui continuent de soutenir ce modèle. Ils promettent la simplification et la transition mais n’offrent que la précarité et des marchés accaparés par quelques-uns. Nous rappelons également la promesse non tenue à ce jour par Emmanuel Macron d’une grande loi foncière. Nous dénonçons la non application de la loi Egalim.

Responsable ! L’actuelle Politique Agricole Commune de l’Union européenne, votée en 2021 par RN, LR et LREM, contre laquelle les écologistes se sont battus qui est un véritable « pousse au crime » agricole, favorisant l’agrandissement des exploitations (au niveau européen 80 % de l’aide est versée aux 20% des agriculteurs les plus riches). La PAC représentant 40 % du budget de l’Union, elle doit répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain et viser plusieurs objectifs concrets : un revenu décent pour les paysannes et les paysans, des installations nombreuses et heureuses, un environnement et une santé préservée.

Responsables !  Les accords de libre échange, fossoyeurs de l’agriculture, contre lesquels les écologistes luttent sans relâche. Nous devons remettre en cause la stratégie fondée sur le tout export du gouvernement français, qui privilégie les équilibres budgétaires à la sécurité alimentaire et au bien-être paysan.

Responsables ! Les acteurs du « triangle de l’enfer » : l’agro industrie – méthodes intensives s’appuyant sur l’automatisation et les intrants chimiques-, les géants de l’agroalimentaire et la grande distribution, qui font leur marge à la fois sur le dos des consommateurs, des consommatrices et de celles et ceux qui nous nourrissent ! La précarité alimentaire s’aggravant, il est urgent de créer les moyens d’une démocratie alimentaire qui permette une alimentation choisie, de qualité, en quantité suffisante et accessible à toute la population quels que soient ses revenus, et de reconnecter l’alimentation à ses conditions de production, de transformation et de distribution.

Il est temps de réguler le marché, l’alimentation n’est pas une marchandise.
Il est temps d’œuvrer pour notre souveraineté et sécurité alimentaire. 
Il est temps d’élaborer démocratiquement une PAC et une loi d’orientation agricole à la hauteur des enjeux du siècle, avec accompagnement vers des pratiques agroécologiques, pour protéger à la fois celles et ceux qui nous nourrissent, le vivant et le climat.