La colère agricole est forte. Elle est l’expression d’une agriculture en crise, d’un modèle à bout de souffle. La commission agriculture et ruralités des Écologistes entend cette colère et associe sa voix à celles qui demandent avec justesse des revenus agricoles dignes, des conditions de travail et de vie qui assurent un avenir heureux à l’agriculture française et une augmentation des installations, un accompagnement à la transition écologique, une vraie politique de soutien à l’agriculture et la souveraineté alimentaire.
La colère agricole est le cri du mal-être paysan, le cri de revenus indécents pour des horaires de travail et des investissements conséquents, le cri des fermes sans personne pour les reprendre. Exprimé depuis un an, ce cri n’a pas trouvé de réponse dans les mesures des gouvernements Attal puis Barnier. A la demande de revenus, ceux-ci ont répondu par un abaissement des lois qui protègent l’environnement c’est-à-dire la capacité même de production, et la santé en premier lieu celle des paysans.nes.
Ce cri est aussi amplifié par une année agricole calamiteuse. Les épizooties et les pluies intenses ont porté un coup majeur à la production et, par conséquent, aux revenus. Mais le mal n’est pas qu’économique, il est dans le surplus de travail, dans le stress accru, dans la gestion devenue plus compliquée encore. L’agriculture souffre dès à présent du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité.
Ce cri est amplifié par la finalisation de l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur poussé par la Commission européenne. Les Écologistes et les eurodéputés.es écologistes s’opposent à cet accord comme nous l’avons fait également pour le CETA ou le TAFTA.
Ce cri est amplifié, ne nous cachons pas, par les rivalités syndicales en période de campagne électorale. Ces rivalités bien normales dans tout système démocratique, se sont transformées en course à qui fera l’action la plus forte.
Expression légitime d’une agriculture en crise, la colère agricole se trompe parfois et de plus en plus de combat et de cible. Les lois environnementales ne sont pas contre l’agriculture, elles la protègent. Le problème vient de la concurrence déloyale promue par les politiques ultra-libérales.
L’Office Français de la Biodiversité et l’ANSES ne sont pas contre l’agriculture. Ils appliquent la loi et préservent l’environnement et notre santé à tous.
L’Inrae n’est pas contre l’agriculture. En complémentarité avec les instituts techniques et les autres institutions de recherche publiques, l’Inrae assure une recherche de qualité non inféodée aux seuls intérêts de l’agro-industrie. Nous pouvons débattre de l’orientation des travaux de la recherche publique, pas la refuser.
Les associations environnementales ne sont pas contre l’agriculture. Elles veillent à préserver les conditions d’habitabilité de la planète.
La censure du gouvernement Barnier n’est pas contre l’agriculture. Les forces du NFP proposent au contraire un budget renforcé pour le secteur agricole mais il est refusé par le centre et la droite alliée à l’extrême droite.
Les Écologistes, enfin, sont avec les paysans.nes. Nous voulons une autre politique agricole. Les mêmes, forces politiques comme syndicales, qui nous désignent du doigt comme responsables de la crise sont celles qui orientent la politique agricole depuis 60 ans.
Ne nous trompons pas de combat ! Ne détournons pas le combat des vrais enjeux !
Et ne salissons pas le combat pour une agriculture respectueuse des travailleurs agricoles en dépassant les limites de l’État de droit. Les appels à la violence, les attaques contre des personnes ou des biens, les atteintes aux élus.es ne sont pas acceptables.
La commission agriculture et ruralités des Écologistes partage la colère agricole mais appelle à ne pas se tromper de cible.
Nous rappelons l’opposition des Écologistes à l’accord UE-Mercosur et invitons le Conseil de l’Union européenne à le refuser.
Nous apportons notre soutien à Catherine Hervieu, visée personnellement par des jets de peinture lors d’une action syndicale.
Nous appelons au respect des biens et des personnes dans l’expression de la colère, et dénonçons les attaques violentes envers l’OFB, les associations environnementales, l’Inrae, les MSA et autres institutions agricoles, les élus.es écologistes comme d’autres bords politiques.
Nous appelons à l’arrêt du deux poids deux mesures en matière d’encadrement policier des manifestations agricoles.