Dans le cadre de la pandémie et de la crise mondiale de l’approvisionnement alimentaire, il est urgent que les gouvernements donnent la priorité à l’agriculture paysanne et aux marchés locaux.
EELV soutient Via Campesina (1), mouvement paysan mondial (dont fait partie la Confédération Paysanne) représentant les voix de plus de 200 millions de petit·es paysan·nes d’Asie, d’Afrique, d’Europe et des Amériques qui demande à ce que les produits alimentaires soient retirés des accords de libre échange. Il y a effectivement « des patates qui se perdent » comme le clame Via Campesina contre l’OMC ce mois de juin.Ces paysans se sont mobilisés toute cette semaine contre l’Organisation Mondiale du Commerce qui orchestre et promeut ces accords de libre échange et leur courage et leur travail méritent d’être mieux reconnus par les consommateurs et les citoyens.Notre alimentation dépend d’eux ! Seuls l’agriculture paysanne adaptée à chaque climat, les circuits courts, la relocalisation des productions et le respect de l’environnement permettront de nourrir tous les habitants de la planète. La crise alimentaire qui frappe le monde aujourd’hui est une preuve supplémentaire que le libre-échange – loin d’apporter la sécurité alimentaire – affame les peuples. L’Organisation mondiale du commerce a une fois de plus échoué à proposer une solution permanente quant aux stocks publics à des fins de sécurité alimentaire. Depuis plus de huit ans, les pays riches bloquent les propositions concrètes des membres africains et asiatiques du G33 à cet égard.
L’agenda socio-économique des pays les plus pauvres et à faible revenu n’est pas la priorité de l’OMC. La preuve : son incapacité à fournir un mécanisme de sauvegarde contre le « dumping » des pays riches et son approche des subventions à la pêche au détriment des petit·es pécheur·euses. Il ne sert à rien d’essayer de réformer une institution construite pour favoriser les intérêts commerciaux d’une poignée d’entreprises multinationales!Le 15 juin, à Genève, la Conférence ministérielle de l’OMC a une nouvelle fois trahi les attentes des populations les plus touchées par la crise alimentaire.Pendant ce temps, les paysans de Via Campesina se mobilisent et démontrent que des solutions pour éradiquer la faim sont possibles grâce et au travers l’agriculture paysanne.
EELV soutient les paysans comme Perla Álvarez du Paraguay, et membre de la Coordination Latino-Américaine de La Via Campesina (CLOC) qui a déclaré cette semaine qu’un changement systémique est urgent et nécessaire : « La crise alimentaire mondiale est un moment de vérité pour nous. Il n’y a pas de place pour l’approche “business as usual”. Nous présentons des propositions à court et à long terme qui peuvent changer radicalement la façon dont le commerce affecte les communautés paysannes à travers le monde. »
Avec Via Campesina, EELV appelle tous les gouvernements nationaux à :
- reconstituer des stocks publics et à soutenir la création de réserves alimentaires au niveau communautaire avec des produits locaux issus de pratiques agroécologiques ;
- mettre en place une législation anti-dumping, nécessaire pour empêcher les exportateurs de détruire les marchés locaux.
- supprimer toutes les règles existantes de l’OMC qui empêchent les pays de développer des stocks publics alimentaires et de réguler le marché et les prix. Les gouvernements doivent avoir le droit d’utiliser des critères choisis par eux-mêmes pour protéger et promouvoir leur souveraineté alimentaire. Chaque pays doit pouvoir développer sa propre politique agricole et alimentaire et protéger les intérêts de ses paysan·nes, sans nuire aux autres pays ;
- interdire l’utilisation de produits agricoles pour les agro-carburants ;
- mettre en oeuvre tous les moyens pour stopper la spéculation ;
- mettre fin à l’accaparement de l’eau, des semences et des terres par les sociétés transnationales et garantir aux petit.es producteur·trices des droits équitables sur les biens communs.
Dans le cadre de la pandémie et de la crise mondiale de l’approvisionnement, il est urgent que les gouvernements donnent la priorité aux marchés locaux des produits agricoles et à l’agriculture paysanne.
(1) Via Campesina compte parmi ses membres 181 organisations paysannes dans plus de 80 pays. Le réseau paysan mondial et ses alliés ont mené les négociations à l’ONU pendant 17 ans, ce qui a conduit les Nations Unies à adopter la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Paysans et Autres Personnes Travaillant dans les Zones Rurales (UNDROP) en 2018.