Cette fin d’année 2022, le Père Noël a-t-il été généreux ?
Pas généreux pour l’environnement, pour la biologie des sols, pour la santé des agriculteurs·trices et des personnes exposées aux pesticides et à leurs résidus parce qu’elles habitent proches de lieux de traitement, consomment des aliments ou de l’eau contaminée. Le Père Noël n’a pas été généreux pour l’avenir.
Mais il a été généreux pour le commerce des pesticides.
En novembre, déjà reconnu coupable dans l’intoxication aux pesticides de l’agriculteur français Paul François, Bayer (chiffre d’affaires de plus de 40 milliards d’euros) a été condamné à verser la somme indécemment faible de 11 000 € de dommages et intérêts après 15 ans de procédures judiciaires.
Le 2 décembre, faute d’accord entre États, la Commission européenne a décidé de prolonger d’un an l’autorisation du glyphosate qui arrivait à échéance le 15 décembre 2022 dans l’attente d’une (nouvelle) évaluation scientifique sur cet herbicide. L’Agence européenne des produits chimiques continue de considérer que le classement du glyphosate comme cancérigène « n’est pas justifié » contrairement au Centre international de recherche contre le cancer qui le classe comme « cancérigène probable ».
Le 8 décembre, le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, s’est déclaré favorable à une prolongation de la dérogation permettant l’utilisation de néonicotinoïdes, pesticides terriblement destructeurs sur les insectes en particulier les abeilles et interdits depuis 20202.
Le 19 décembre, le Conseil européen qui réunit les vingt-sept ministres européens de l’agriculture a demandé à la Commission européenne de mener une nouvelle étude d’impact sur la réglementation visant à réduire l’utilisation et les risques associés aux pesticides et à harmoniser les politiques nationales3. Nouvelle étude donc nouveau délai qui, s’il s’étendait jusqu’aux élections européennes pourrait empêcher la mise en vigueur d’une réglementation nécessaire pour réduire l’utilisation des pesticides.
Heureusement, la Justice vient de contredire ce désastre. Le 22 décembre, le Conseil d’État a ordonné, de nouveau, au gouvernement d’augmenter les distances minimales d’épandage de pesticides à proximité des habitations pour protéger les riverains. Pour rappel, la distance minimale est actuellement de seulement 10 mètres pour les produits suspectés d’être cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques et 20 mètres pour les pesticides dont la dangerosité est avérée.
Se passer des pesticides de synthèse n’est pas chose aisée mais ce n’est pas impossible : les paysannes et paysans bio le prouvent tous les jours !
La politique de baisser les réglementations, éteindre les interdictions et décaler la transition doit cesser.
EELV appelle à un réel engagement de la France et de l’Union européenne pour l’arrêt de l’utilisation de pesticides et pour la transition écologique de l’agriculture et l’alimentation. C’est une nécessité pour garantir la santé des agriculteurs·trices, des consommateurs·trices et de l’environnement dans son ensemble.
EELV salue le travail des associations impliquées dans la défense de l’environnement et de la santé des agriculteurs·trices, riverain·e·s et consommateurs·trices.