Stratégie pour que l’UE contribue à mettre fin à la faim dans le monde
Partager

Et si on s’attaquait (sérieusement) à mettre fin à la faim dans le monde ?

Atelier animé par Théo Garcia-Badin, membre de la commission économie, avec Jacques Berthelot, économiste et spécialiste des politiques agricoles.

JDE de Toulouse, 24 août 2019

  1. J. Berthelot évoque précisément les méfaits du libéralisme dans la destruction des agricultures du Sud, et les responsabilités précises de l’Union Européenne dans cette situation, à travers les accords avec les pays concernés, dont les conséquences s’aggravent au cours du temps et de la libéralisation aveugle des échanges de produits agricoles. Il prend de nombreux exemples concrets sur l’Afrique de l’Ouest qu’il connaît : voir sa note. Il rappelle aussi la responsabilité des dirigeants des pays concernés qui visent souvent à nourrir leurs populations pauvres au plus bas prix et favorisent pour cela des importations subventionnées au détriment de leur propre paysannerie.
  2. P. Garnon approuve ces remarques et y ajoute la déstructuration des sociétés traditionnelles du Sud, comme cause de la faim en zone rurale. Plein de façons de les déstructurer, yc les missionnaires, ou l’aide indistincte, sans parler des conflits internes ou externes, mais aussi avec l’exode rural vers les villes qui corrompt la répartition et les associations de travail agricole.

Pas de pessimisme : il est possible de rétablir nombre de situations, à certaines conditions :

  • Prendre les moyens de l’autonomie alimentaire, ce qui veut dire établir des droits aux frontières de sous-ensembles continentaux homogènes pour assurer son autonomie politique, et donc sortir des accords de libre-échange analysés finement par Jacques Berthelot pour établir de nouvelles politiques économiques à l’échelle des pays ou de leurs communautés qui assurent les moyens de l’autonomie et du développement.
  • Investir dans le rural et le considérer comme le premier levier de développement, ce qui veut dire agriculture, mais aussi arrosage, environnement (arbres, haies…), transports et routes, marchés locaux, stockage et qualité, etc…
  • Respecter et restaurer la cohérence et la dignité des sociétés locales, même en agissant le cas échéant sur certaines pratiques condamnables, mais par le dialogue et le respect, l’éducation.., pas par la contrainte quelle qu’elle soit.
  • Apporter ces aides aux sociétés locales sans leur imposer de modèle ou de solutions extérieures à leur réalité, à partir de la satisfaction de leurs propres besoins ou la réponse à leurs demandes. Privilégier le low tech et les moyens à leur portée sans investissements pharaoniques (petits élevages, outils, traction animale, échanges de techniques de proximité, variétés et semences locales etc..)

Rédacteur Patrick Garnon, Comagri

Stratégie pour que l’UE contribue à mettre fin à la faim dans le monde

par Jacques Berthelot

Sommaire

  1. D’abord rétablir la vérité sur les échanges alimentaires de l’UE avec les pays en développement (PED), car c’est l’UE qui en reçoît une aide alimentaire structurelle
  2. Cesser le dumping massif de ses exportations agricoles vers l’Afrique
  3. Cesser d’imposer aux pays ACP des Accords de Partenariat Economique (APE)
  4. L’UE semble ignorer les énormes défis pesant sur le développement de l’Afrique
  5. Cesser de soutenir la Zone continentale de libre-échange africaine (ZLECAf)
  6. Dénoncer le rapport de la Task Force Rural Africa (TFRA)
  7. Modifier profondément la PAC pour cesser tout dumping et d’importer des produits destructeurs de l’environnement et des droits humains dans les pays exportateurs
  8. Imposer à l’OMC, dont l’Accord sur l’agriculture, une hiérarchie des normes, où les règles commerciales soient assujetties au respect des droits humains et environnementaux, et de même pour tous les accords bilatéraux de libre-échange.

Stratégie UE faim dans le monde

photo de Burghard Ilge (ONG Both Ends, Pays-Bas) : manifestation du 2 avril 2014 devant le Parlement européen à l’occasion du Sommet des Chefs d’Etat de l’Union africaine et de l’UE